Troubles de l’oralité : quels enfants ? quels terrains ?

Pourquoi un enfant a-t-il des problèmes alimentaires ?
Troubles de l’oralité : quels enfants ? quels terrains ?
Quand on est face à un enfant présentant des troubles de l’oralité, à quoi devons-nous penser ? Quelles sont les pistes à explorer pour dépister un trouble de l’oralité, pour comprendre sa construction, et envisager les aides à proposer ?

Nous allons chercher si l’enfant que nous rencontrons a des antécédents qui permettraient de comprendre le point de départ de la difficulté :
Cet enfant est-il prématuré ? entre 40 et 75 % des prématurés rencontrent des troubles alimentaires en fonction du moment de leur développement. Ces enfants sont souvent touchés, en lien avec les retentissements de leur naissance prématurée sur leurs organes (poumons / cerveau / système digestif / cœur) ET leurs premières expériences de vie multipliant souvent des soins invasifs sur le plan sensoriel, touchant de près leur oralité : CPAP, SNG, etc …
Cet enfant a-t-il / a-t-il eu des problèmes digestifs ? RGO pathologiques, allergies alimentaires, … Tout enfant qui a un vécu douloureux en lien direct ou indirect avec l’alimentation peut présenter des troubles de l’oralité
Cet enfant a-t-il / a-t-il eu une nutrition entérale ou parentérale, qui, nous le savons, n’est pas sans induire des retentissements importants sur l’oralité des tout-petits quand cette nutrition dure dans le temps et /ou que des soins de prévention ne sont pas proposés en parallèle de cette période de nutrition entérale ou parentérale.
Cet enfant a-t-il des troubles respiratoires importants ? Manger est alors fatigant, l’appétit peut sembler réduit : l’enfant mange alors assez peu, quelle que soit la texture L’environnement peut être tenté de forcer, et déclencher chez l’enfant une connotation négative de l’alimentation, avec répercussions plus larges autour de l’oralité.
Cet enfant a-t-il des problèmes neurologiques (AVC, épilepsie, IMC, …) qui pourraient amener des dysfonctionnements autour des aspects fonctionnels de l’alimentation (déglutition, mastication, salivation, réflexes, …) ou des aspects sensoriels (traitement neurologique des stimuli en lien avec l’alimentation altérés).
Cet enfant a-t-il des troubles du développement ? On sait que les retard de développement, les troubles du spectre autistique, les syndromes génétiques ou chromosomiques, et d’autres troubles montrent souvent un tableau de troubles divers dont des particularités alimentaires.
Cet enfant a-t-il dans sa famille des personnes qui présentent / ont présenté des troubles similaires : l’aspect épigénétique est avancé par Mme Senez entre autre, et vérifié pleinement dans la clinique.
Cet enfant a-t-il un vécu négatif autour de sa « sphère orale », avec des soins invasifs (comme les prémas en vivent), des hospitalisations ayant amenés des ajustements difficiles autour de l’alimentation, … Les souvenirs sensoriels-émotionnels laissent des traces prégnantes chez certains enfants avec une intégration sensorielle perturbée qui retentit sur la prise alimentaire.
Cet enfant a-t-il un syndrome malformatif touchant le cerveau / le système digestif / le cœur / les poumons ? Ce sont autant de fonctions qui, altérées, peuvent retentir nettement sur l’alimentation d’un enfant.

A vrai dire, il n’est pas rare qu’un enfant soit concerné par plusieurs des points cités ci-dessus. Et avec le temps, il est fort vraisemblable que l’intégration sensorielle, que j’ai envie de préciser en l’appelant « intégration sensorielle-émotionnelle », va jouer un rôle très important dans les troubles alimentaires, prenant même certainement le relai quelquefois des causes primaires initialement concernées.

Il convient de savoir sur quoi s’est vraisemblablement construit le trouble afin de déterminer les différents « terrains touchés » et d’agir en fonction afin de contourner les difficultés, de les compenser, …

Voyons via une vidéo récapitulative les différents plans à évaluer lors de la rencontre d’un enfant avec des troubles de l’oralité.

Nous verrons prochainement en quoi l’identification du ou des terrains concernés est important à identifier pour mettre en place une prise en charge adaptée, et orienter au besoin vers des examens complémentaires.

N’hésitez pas à commenter cet article, à le compléter si besoin. 😉

PS : un clin d’œil à la famille du photographe et du modèle de la photo de cet article 🙂