Repas industriels pour bébés ; pour ou contre ?
Image empruntée à ce site
Pour notre premier “Question / Réponse”, je vous propose de réfléchir avec moi à :
“Pour ou contre les repas industriels pour bébé” ?
Loin de moi l’idée de juger les services de Blédina ou Neslté. Les pots et assiettes toutes prêtes sont passés dans mes placards de maman quand mes enfants étaient petits et j’en étais tout à fait satisfaite.
Nous serons certainement de nombreux parents à en avoir donné à nos enfants, au quotidien, ou plus ponctuellement, en fonction des habitudes familiales.
Pratiques aux yeux de parents qui ont peur de “trop nourrir” leur enfant, ces assiettes toutes préparées garantissent aux familles des apports nutritionnels en totale adéquation avec les besoins de votre chérubin en fonction de son âge !
Pratiques aussi parce que “sains” aux yeux des familles, ces plats sont préparés avec de bons produits, sans trop de sel, de gras ou de sucre.
Pratiques enfin parce que très adaptés avec nos vies modernes emplies de fast food, de surgelés, de crèches ou de nounous qui demandent de fournir les repas.
Quelles que soient les raisons, nous serons nombreux à reconnaître que ces assiettes simplifient la vie trépidante des parents d’aujourd’hui.
Mais alors, où est le problème ?
Le problème de ces plats c’est, pour commencer, qu’ils ont une texture et un aspect TRES stables. Ces produits sont tellement contrôlés qu’on ne risque pas de trouver un petit morceau dans la purée pour 8 mois connue pour être bien lisse. D’une assiette “courgettes” à une autre assiette “courgettes” (d’une même marque), nous retrouverons inlassablement la même qualité (et d’un certain côté, nous nous en réjouissons : pas de mauvaises surprises !) : bien lisse, même couleur, même aspect, même tenue sur la cuiller. L’information offerte au bébé quand l’assiette arrive, sortant du micro-ondes est d’une stabilité incroyable ! Pas de suprise… pas encore.
Imaginez vous à leur place : tous les jours, une barquette Picard dans votre assiette… Les différentes assiettes existantes, vous les connaîtriez par coeur. Et si un beau jour, l’aspect du contenu de votre barquette changeait, du genre, la petite chose non identifiée sur le coin de la barquette, comment réagiriez-vous ? Suspicieux ? Dégoutés ? Dois-je vous trouver un exemple pour la texture (le petit truc non identifié qui craque sous la dent), ou avez-vous peur d’en avoir la nausée rien qu’en me lisant ? (parce que nous, les adultes, on se dira intérieurement que ce n’est pas bien normal qu’il y ait des différences avec nos sensations habituelles… souris, mégots de cigarette ?)
Pour les enfants, on peut imaginer quelque chose de similaire dans le processus d’intégration sensorielle du repas. Un enfant qui ne mange que des assiettes industrielles reçoit chaque jour un modèle visuel, sensitif, olfactif et gustatif qui correspond avec son éventail (du coup restreint) de possibilités. Le schéma est connu.
Nos enfants “sans problème” n’en seront pas trop gênés : le jour ou autre chose arrivera dans une assiette classique, ils y goûteront sans doute sans trop de difficulté. Quoi que… nous verrons plus tard que cela questionne pour certains enfants pour lesquels on peut se demander si nos habitudes “assiettes préparées” ne forgeraient pas un autre type de pathologie.
Mais pour nos enfants “fragiles”, pour nos enfants “porteurs de handicaps”… L’assiette industrielle va compliquer le parcours alimentaire “sensoriel”.
Sur le plan sensoriel (en bouche), l’enfant risque d’être très gêné de passer soudainement à une purée différente (plus collante ? plus liquide ?). Pire encore, il risque d’être nauséeux face à une texture moulinée à laquelle les plats pour bébé ne l’auront pas forcément habitué.
Autre problème : le passage aux morceaux. Il est plus aisé pour votre enfant de manger un haricot vert en le tenant dans sa main qu’en le mangeant mélangé dans une purée de pommes de terre. Ce mélange lui demande une plus grande organisation pour gérer le morceau perdu dans le reste de sa cuillérée.
Et puis, soyons honnêtes avec nous mêmes : les morceaux des assiettes en sont-ils ?
Dois-je évoquer le croquant inexistant pour les légumes ?
Conclusion ?
J’imagine que vous aurez compris que si la maman que je suis n’a rien contre les assiettes industrielles, l’orthophoniste préoccupée par les troubles sensoriels des enfants qu’elle suit n’est vraiment “pas pour”.
Après, je tiens tout de même à préciser que je suis vraiment contre l’idée qu’un enfant ne mange que des repas industriels jusqu’à l’âge auquel les industries les proposent (24 mois).
Il serait sans doute raisonnable que les familles ayant un enfant fragile dans son développement, utilise ces assiettes de manière très ponctuelle et n’en fassent pas une habitude.
Néanmoins il convient de souligner que cela n’a pas fait (à ma connaissance) l’objet d’une étude scientifiquement menée.
Ma clinique me permet néanmoins de soupçonner fortement l’incidence de la consommation régulière et fréquente de ces assiettes sur les troubles de l’oralité.
Pour finir, retenons que si l’enfant a besoin de choses fréquentes, régulières et cohérentes pour pouvoir se développer, il convient aussi de lui offrir une certaine flexibilité sensorielle afin de ne pas rigidifier ses conduites.
Partagez vos points de vue dans les commentaires. Je suis curieuse de le connaître votre regard sur la question !! 🙂
Pour mon enfant qui avait des problèmes immunitaires ce fut une obligation exigée par l’immunologue de nourrir qu avec des plats industriels car moins de risques de microbes. Je suis aussi persuadée que même si cela n’a pas contribué au trouble de l’oralité alimentaire cela n’a pas été facilitant pour l’apprentissage alimentaire. Aujourd’hui encore c est la seule manière de nourrir mon enfant avec des légumes en revanche j’utilisais le micro onde et depuis peu je réchauffe dans une poêle car je trouve que les odeurs sont plus proches des aliments faits maison, j espère ainsi pouvoir bientôt les mélanger avec des plats de maman. Nous avons tous goûté, pour ceux qui sont passés par eux, les plats industriels et même si l’industrie fait des efforts en terme de qualité nutritionnelle, cela reste souvent fade. Si je devais refaire mon parcours vis à vis de mon enfant j’envisagerais, malgré l’orientation des médecins, de mélanger ces assiettes avec du fait maison pour offrir à l enfant une approche plus authentique des goûts et textures…. D’ autant plus que ces plats coûtent chers et que l’enfant adopte,je pense, la croyance que lui ne peut pas manger le même plat que les grands puisque nous parents lui donnons un contenant et contenu différent.
Depuis l’écriture de cet article, j’ai rencontré des familles qui ne pouvaient pas se défaire de leurs plats maisons, les plats industriels étant refusés. Concluons que rien n’est simple ni figé. La texture est néanmoins très régulière dans les plats industriels (comme dans le mixeur de maman d’ailleurs), de même que la couleur, l’odeur… voire, vous le pointez bien, le goût, fade par excellence nous en conviendrons.
Vous avez raison aussi de préciser que quelquefois on n’a pas le choix, et que cela explique pourquoi on donne ces plats là. Et reconnaissons qu’ils sont bien pratiques pour nous tous d’ailleurs. Raison aussi de rappeler leur prix. Et de rappeler leur justes apports nutritionnels. A ce propos, je vois trop de parents hésitants pour le passage à une alimentation “maison” de peur de trop donner à leur enfant (ou pas assez, mais cette peur est bien moins fréquente). Ne restons pas figés. Faisons confiance aux enfants (pour nous dire ou pour nous montrer qu’ils n’ont plus faim ou qu’ils ont encore faim), et gardons un peu de flexibilité dans nos assiettes (les règles nutritionnelles ne sont pas si complexes à respecter, demandez à votre médecin).
Ces remarques ne vous concernent pas directement Katrina, mais vos propos m’évoquaient tout cela… En tout cas, je reconnais votre juste feeling maternel… tout ce que vous dites est fort bien observé ! 🙂
Merci mille fois pour ce témoignage Katrina. Riche et pertinent ! Ces commentaires donnent vie à ce site… Merci
Elisa
Bonjour,
Je suis maman de 3 enfants dont un garçon de 4 ans atteint d’une malformation au cerveau. Son développement est lent dans tous les domaines et a fortiori, dans le domaine de la mastication. C’est aussi un enfant qui refuse de “patouiller”, de toucher de la nourriture quelle qu’elle soit, même si on lui laisse à disposition, même si nous mettons nous-mêmes les mains dedans… Il a mangé mixé jusqu’à il y a 6 mois, où nous avons commencé à acheter des Blédichef 18 ou 24 mois. Nous nous sommes tournés vers ces plats par manque de confiance en nous sûrement. Les médecins trouvaient qu’il ne prenait pas assez de poids, nous disaient de mettre plus de beurre ou d’huile dans nos plats. Il est vrai qu’il était petit mangeur et assez difficile, nous finissions par lui cuisiner toujours les mêmes choses. Nous sommes ravis d’avoir opté pour ces plats: il mange plus, il ne rechigne pas, les plats sont variés, les repas se passent mieux. Et nous sommes soulagés de le voir prendre du poids. Nous savons bien que cela ne doit pas durer, il fait 4 repas de midi par semaine chez nous, le reste du temps il est chez nounou qui cuisine, du coup il change de texture, et le soir, il mange purée ou semoule maison. Nous aimerions évoluer vers “faire la cuisine nous-mêmes”, pour ne plus culpabiliser. Existe-t-il un livre de recettes de cuisine qui pourrait nous guider? Nous sommes par ailleurs suivis par une orthophoniste qui ne nous aide pas dans ce domaine, elle est plus tournée côté “communication”, ce qui est aussi très important. Je vous remercie pour votre site et aussi pour vos interventions, j’étais à celle de Chambéry dernièrement.