Stimuler les praxies bucco-faciales

Qu’est ce que c’est ? Ce sont tous les mouvements que nous faisons avec notre bouche (lèvres, langue, joues)et qui mobilisent donc indirectement TOUT notre visage, de manière volontaire.
Pourquoi TOUT notre visage ?
– Parce que les muscles qui commandent les gestes de la bouche s’étendent sur toute la face.
Pourquoi en parler sur « oralité alimentaire » ?
– Parce que lorsque l’on mange, on a besoin de mouvoir langue, lèvres, joues.
– Parce que quand on parle, on a besoin de contrôler ces gestes-là aussi.
– Parce que nous pressentons un lien entre les mouvements que l’alimentation des petits amènent, et le langage qui se met parallèlement en place.

Au passage, Leslie Lemarchand, Doctorante, invite les familles à répondre à son questionnaire afin que nous puissions mettre la lumière sur le lien oralité / langage. Pour y répondre, cliquez ici

Quel rapport ? celui de la motricité (= les mouvements) qui lie l’alimentation ET le langage.

Bref… revenons à nos praxies bucco-faciales.
Quand j’étais étudiante en orthophonie (et je ne suis ni « jeune diplômée », ni « dinosaure orthophoniste »), les praxies se travaillaient devant le miroir, un peu comme une gymnastique de visage.
Mes premiers patients ont donc subi cette épreuve, qui, si je la rendais évidemment ludique, n’ont rien ressorti de ces exercices répétés, ou si peu.
Un jour, j’ai eu cette intuition qu’il fallait que je les touche. Face à une toute petite qui portait son visage comme on porte un sac plastique vide, j’avais ce sentiment qu’elle ne devait pas connaître les contours de son visage. J’ai commencé avec elle à toucher les enfants que je suivais.
C’était bien étrange les premières fois. C’est assez intime le visage finalement. Je touchais les enfants et ils me touchaient. Puis nous allions devant le miroir après ces touchers appuyés. A ma plus grande surprise, les enfants parvenaient mieux à réaliser les praxies devant le miroir. Les parents reprenaient à la maison, caressant leur enfant au lait de toilette, « aux mains chaudes », « aux mains froides ». Ca marchait bien mieux.
Par contre, pour qu’ils contrôlent leur langue… je n’avais à ce moment-là pas l’idée de mettre mes doigts dans leur bouche. J’étais donc, encore par un instinct hasardeux, partie sur les brosses à dents à pile vibrantes. Mes patients arrivaient donc avec leur brosse à dents, on se stimulait le visage et l’intérieur de la bouche avec. C’était encore plus efficace. J’invitais les parents à reproduire ces jeux à la maison.

Et aujourd’hui ?

Ce n’est qu’en rencontrant Mme Senez qui parlait de cryothérapie, de reflexes et de massages que j’ai rencontré les bâtons de glace en rééducation. Et depuis, vraiment, quels changements dans mes prises en charge !
Nous pouvons multiplier les sensations en texture avec les Chewy Tubes (voir ici), ou avec les vibrations du Z-Vibe (ou les brosses à dents)… Le froid est réellement plus efficace pour certains enfants.
Quand nous jouons ensemble aux grimaces (voir ici), et que la bouche des enfants semble « chercher » à reproduire le mouvement sans que le résultat soit visible / clair / efficace, je les aide en appliquant des points froids sur les zones concernées afin de les amener à développer des réactions réflexes (qui visent à garder toute la zone buccale à température constante).
Exemples :
pour fermer la bouche de manière efficace, lèvres pincées : rouge à lèvres glaçon, puis en face à face, je grimace la praxie, et l’enfant parvient immédiatement à la reproduire le plus souvent.
Pour lever la langue, un point de froid derrière les incisives supérieures, je grimace le L face à l’enfant… et hop…
( évidemment, imaginez tout cela avec le cadre ludique indispensable au plaisir de l’enfant ET le renforçateur type « ouiiiii superrrrrrr ! »).

En travaillant avec le froid en parallèle du reste, on offre à l’enfant une entrée sensorielle supplémentaire (récepteurs thermiques)s’appuyant tant sur le mouvement pseudo-volontaire que sur le mouvement réflexe.
Quand Mme Senez évoque la cryothérapie dans sa formation, elle ne parle pas de praxies en face à face. Nul besoin. La langue se met immédiatement dans la position adéquat pour les activités visant la réduction du bavage, et pour la déglutition primaire, elle invite à réaliser non pas des grimaces mais des séances de « langage répété ensemble » pour que la langue automatise le bon point d’appui. Je vous invite à suivre sa formation, c’est fort instructif aussi sur ce plan.

Bref. Il y a là quelque chose à creuser.
Les limites ?
Les enfants hypersensibles au froid. Auquel cas, il est vraiment nécessaire d’appréhender ce froid au préalable avec des contacts sur les mains notamment.
Par ailleurs, dans ma pratique, cela fonctionne MAIS : les parents reprennent à la maison.

Et vous les Zorthos, avez-vous essayé ? Quels résultats ? Laissez moi vos commentaires !
Et vous les parents, si vous tentez l’aventure, notamment avec vos grands, vos retours me passionnent pas avance… n’hésitez pas à commenter également !