Comment donner envie de manger ?

Comment donner envie de manger ?

Voilà une problématique récurrente chez nombre de familles confrontées aux troubles de l’oralité de leur enfant. Bien souvent, l’appétit n’est pas au rendez-vous… S’en suit la pénible tâche de proposer un repas qui se déroule sans plaisir.
Quand il n’existe pas / plus de nauséeux, que l’hypersensibilité intrabuccale a cédé, que votre enfant « coince » face aux nouveaux aliments à cause des souvenirs trop présents de ses douloureuses expériences, que proposer ? Comment l’aider à aller de l’avant ?

Cet article vise les familles ennuyées face au manque d’entrain de leur enfant pour le moment du repas. Beaucoup décrivent des enfants « sans appétit », « sans plaisir de manger ».

Si nous activions la boucle du plaisir ?

Que proposer quand votre enfant n'a pas de plaisir à manger ?
 

Il s’agirait donc d’offrir au cerveau de votre bout de chou, l’information « plaisir », afin qu’il soit plus aisé de revenir autour de la table et d’accepter les expériences que cela offre. Dans certaines prises en charge, on parle de « renforçateurs ».

Les renforçateurs, c’est quoi ?

Ce sont toutes des choses qui sont susceptibles d’être désirées par votre enfant, et que l’on va offrir à l’enfant pour l’encourager à recommencer quelque chose (ici goûter, manger quelques cuillers). Il en existe de multiples types de renforçateurs. Pour vous donner des idées, c’est ici.

Pour nous, les adultes, un des renforçateurs que vous connaissez bien c’est votre salaire
Mais pour nos enfants, concrètement, on fait comment ?
On peut tout simplement préparer des tableaux comme celui-ci :

Ex de tableau à construire avec l'enfant
Ex de tableau à construire avec l’enfant

Ici, dans les cases vides, il était question que l’enfant colle la gommette de son choix.
En fait, on va le remplir selon l’enfant, ses goûts, ce qu’il adore plus que tout. Le même tableau pourrait être proposé avec en renforçateur final : promenade en forêt, et en renforçateur intermédiaire « le livre Tchoupi qu’il adore », ou même, « des cases vides dans lesquelles l’enfant aurait pu coller des gommettes à chaque réussite ». Pour conclure, vous l’aurez compris : à chaque enfant son tableau, mais aussi à chacun son fonctionnement. On pourra également jouer en fonction du nombre de cuillers mangées : « autant de gommettes que de cuillers », … Une fois que vous avez saisi le principe, il vous reste à vous l’approprier.

Il sera très intéressant de construire votre tableau avec votre enfant. S’il est trop petit pour le construire avec vous, c’est que seule l’idée du renforçateur est à garder, et que le tableau est peut être « mal appropriée ». Dans le cas des enfants plus petits, on peut par exemple juste découper l’image correspondant au renforçateur choisi, la placer près de l’enfant à table, viser un tout petit objectif au départ ; votre petit comprendra vite qu’avec « une cuiller de carottes, il obtient quelque chose de plaisant ».

Le but, c’est ici d’inciter l’enfant à goûter, en permettant à la mémoire d’enregistrer la notion de plaisir qui ne naît pas naturellement pour cet enfant là autour du cadre du repas. Si, quand il goûte, il a du plaisir dans un temps consécutif proche (évidemment, c’est immédiatement après qu’on récompense, pas en fin de mois comme pour nous), son cerveau va intégrer à fur et à mesure cette notion de plaisir associée au repas.

Il existe d’autres canaux à utiliser pour amener du plaisir autour du repas : le plaisir du partage en famille, … Mais il me semble que chez beaucoup d’enfants présentant des troubles de l’oralité… les plaisirs en lien avec le moment du repas se sont noyés au fil du temps sous les mauvaises expériences. Les renforçateurs peuvent donc ponctuellement vous aider.

Pourquoi « ponctuellement » ?

=> Parce que les études montrent qu’à force de goûter, votre enfant va « aimer » l’aliment auparavant refusé.

=> Parce qu’à force d’associer la notion de plaisir au moment du repas, celui-ci pourra retrouver sa place dans la mémoire, une place associée non plus aux désagréments passés, mais aux plaisirs que nous aurons amenés, sans que vous ayez à déborder d’idée pour lui apporter un plaisir « en plus ».

Peu à peu votre enfant se détachera de ses renforçateurs et pourra se mettre à table sereinement, goûter sans angoisses excessives,… Enfin, cela vaut le coup d’essayer ! Mais nous en sommes là je crois dans notre connaissance des aides à proposer.

Si les professionnels qui me lisent ont d’autres idées, elles sont les bienvenues dans les commentaires : pour mon plus grand plaisir et celui des familles qui nous lisent !

Photos de l’article :
 Barbara Dziadosz et Bernard Blanc