Comment apprendre aux enfants à se moucher ?

Quand les enfants grandissent et n’ont pas acquis cette compétence, que proposer pour accompagner cet apprentissage ?
Pour apprendre à se moucher il faut :
– ressentir son nez et ce qui s’y passe
– voir comment ça se passe
– être en mesure de souffler
et avoir un souffle de « qualité » grâce à un voile suffisamment tonique
– être en mesure de distinguer bouche et nez

1/ apprenez lui à ressentir :
– proposer des lavages de nez comme on les propose aux plus petits (voir l’article ici)
– proposer des jeux / des moments de vie où l’enfant est amené à sentir. Montrez-lui comment vous faîtes pour sentir en exagérant vos mouvements d’inspiration. Sentez les bouteilles de parfum, les fleurs, les pots de confiture, de Nutella. Jouez à reconnaître les yeux bandés. Choisissez des odeurs « piquantes », « fortes », celles qui restent dans vos narines après les avoir senties.
2/ Permettez lui de voir.
Ah oui certes, cela peut écœurer certains, et pourtant, quelle motivation que de regarder ce merveilleux spectacle qui trône dans le mouchoir. Face à un enfant qui a besoin d’apprendre à se moucher : aux grands maux, les grands moyens ! 😉
Et puis, montrez aussi comment vous faîtes quand vous vous mouchez vous-même.
3/ Apprenez à souffler
– proposez des jeux de souffle qui amènent à souffler de plus en plus fort par la bouche. De la tasse de lait trop chaude, au sifflet, à la paille pour faire des bulles dans l’eau. Soufflez ensemble de plus en plus fort. Passez de la paille aux fils de scoubidous, aux pailles entortillées (varier les pailles pour varier la puissance demandée). Passez de l’eau à la soupe, au potage, au yaourt nature secoué… Un petit extra avant de manger en aspirant : souffler doucement ou fort pour faire des grosses ou des petites bulles.
– soufflez sur des kleenex en boîte (très léger), des balles de ping pong, des cotons, des cotillons, des boules de Noël, des boules de papier, …Choisissez des choses de plus en plus lourdes pour que la force du souffle gagne en puissance. Soufflez court, soufflez long, soufflez ! Mais rendez cela amusant.
– attention : aidez votre enfant à voir comment tout cela se produit en faisant tout ces jeux devant lui (toujours en exagérant). Installez le de manière à ce que le jeu soit réalisable (les enfants ont tendance à souffler au-dessus des choses qu’ils veulent déplacer, mettez les bien devant, quitte à les faire s’agenouiller devant une table basse. Soyez leur modèle, guidez les afin que leurs premiers souffles, hasardeux, mal contrôlés soient vite récompensés de l’effet qu’ils produisent.
4 / Soufflez par le nez.
Quand la bouche est efficace pour souffler, placer les pailles dans les narines, jouez les dragons féroces, souffler sur des confettis avec le nez en plaçant les confettis sur une surface adaptée qui leur permettra de voler aisément (comme le feu qui sort des narines du Dragon !)
Apprenez aussi dans la voiture à jouez les monstres qui soufflent bruyamment avec son nez. Si vous entendez votre bout de chou, c’est gagné !
Et pourquoi pas, jouez de la flûte avec le nez… vous la laverez après 🙂

Une fois que votre enfant saura faire tout cela, il sera vraisemblablement près à se moucher avec votre aide, puis sans.
Quelquefois le mouchoir sur le nez les freinera, sans doute en lien avec leurs échecs précédents quand on plaçait le mouchoir et que rien ne sortait quand ils soufflaient avec leur bouche. Ils gardent quelquefois le souvenir désagréable du mouchoir longuement appliqué qui au lieu de les amener à fermer leur bouche, les amenaient au contraire à l’ouvrir pour mieux respirer. Changez vos mouchoirs (boîte de Kleenex), mouchez le « sans rien » peut être au départ si c’est nécessaire pour le rassurer.

Mais j’oubliais…
Notions fondamentales :
– alternez les activités conseillées pour favoriser les différentes expériences sensorielles possibles : lavage de nez / parfums / voir le résultat du mouchage dans le mouchoir /souffle par la bouche / souffle par le nez
ET…. vous regarder faire vous même. Montrez, montrez, montrez….
ET … riez ensemble, prenez du plaisir !

– Ce n’est que dans un second temps que vous pourrez apprendre la règle de « une narine à la fois », « placer le mouchoir bien comme il faut », « essuyer le nez de la bonne manière après avoir souffler pour ne pas en avoir sur la joue ».
Ces derniers apprentissages demanderont à votre enfant une coordination motrice plus aiguisée puisque mêlée à une organisation de ses différents gestes… Et comme on ne peut pas penser à tout en même temps dans les situations d’apprentissage, dédramatisez l’aspect « hygiène du mouchage » dans un premier temps, et tant pis si vos souffles de Dragons ont arrosé le pull au passage de sa colère féroce.

Qu’allons nous éviter absolument pour ne pas freiner l’apprentissage :
– penser qu’un lavage de nez est une agression. Vous pouvez avec les plus grands prendre du Stérimar qui pulvérise le sérum dans les narines.
– penser que le lavage de nez suffit, qu’il n’est pas nécessaire d’appuyer sur les narines de votre enfant après puisque cela ne l’a pas amené à souffler quand vous avez essayé ; au contraire persistez en ce sens et montrez comment vous faîtes pour souffler avec votre nez à ce moment là. Donner des appuis alternatifs sur ses narines, c’est aussi l’aider à sentir ce qu’il se passe dedans, et donc lui offrir une entrée sensorielle qui va l’amener à contrôler mieux cette zone ensuite. C’est en répétant cette action régulièrement que cela l’aidera, incontestablement.
– utiliser un mouche-bébé, qui certes libère les narines de votre enfant, mais de manière complètement passive, voire agressive. Cela va à contresens du reste des conseils donnés.
– réduire les mouchages et laissez le nez bouché tant cela vous épuise (même si votre lassitude est compréhensible) => son nez devient une très grande zone qu’il lui sera par la suite encore plus difficile de contrôler. Moins il sera mouché, moins cela le gênera d’avoir le nez plein.
– penser que quand on essuie les narines et ce qui coule, cela suffit.
– penser que guider verbalement un enfant suffit. Quand il peine à automatiser ce geste quotidien, c’est que le problème est ailleurs que dans la mémorisation des différentes phases du mouchage. Les « ferme la bouche » sont effectivement rarement efficaces et renforcent bien souvent les enfants dans l’idée que se moucher est compliqué.

Vous l’aurez compris, même avec la meilleure volonté du monde, ce ne sont ni les orthophonistes, ni les enseignants qui apprendront aux enfants à se moucher. Par contre, ils pourront proposer toutes ces activités qui vont porter l’enfant vers le souffle, les sensations… et surtout, ils pourront informer les parents des activités à reprendre à la maison pour que le mouchage devienne un acte accessible à l’enfant, automatisé, non soumis à la réflexion des différentes étapes à enchaîner.